Histoire
Le royaume de Bohème
Prague à l’époque des grandes invasions
La région de Prague est peuplée dès le paléolithique: tout d’abord par les Boïens, un peuple celte qui arrive ici aux environs de l’an -200, puis par les Marcomans, une tribu germanique, chassés eux-mêmes par les Avars qui finiront par partir vers l’ouest sous la pression des Slaves qui s’y installent au VIe siècle.
Prague, capitale du duché puis du royaume de Bohême
Selon la légende, la ville est fondée par la princesse Libuše et son mari Přemysl, également fondateurs (mythiques) de la dynastie des Přemyslides. Dès le IX siècle en tout cas, une présence humaine est attestée. Située au centre des plaines de Bohême, au croisement des routes commerciales qui traversent l’Europe, Prague se développe pour devenir la capitale du duché des Přemyslides. La ville est érigée en évêché en 973. Otakar II fonde Malá Strana en 1257 qui reçoit alors une charte municipale et héberge la communauté allemande qui s’auto administre selon les droits de Magdebourg. Sur l’autre rive de la Vltava, la Vieille Ville de Prague se développe autour de son noyau historique de Týn et est peuplée de Tchèques et d’une communauté juive dans ce qui deviendra au XVIIIe siècle, Josefov.
Prague de Charles IV
Prague, capitale du Saint Empire
Charles IV est un prince énergique qui, avant même de devenir empereur, transforme radicalement la ville qui, en 1344, est élevée au rang d’archevêché.Pour faire face à la croissance démographique de sa capitale, le 3 avril 1347, Charles IV signe un décret décidant la plus grande opération d’urbanisme du Moyen Âge. Il décide de réunir les divers quartiers extérieurs pour en faire une ville neuve. Le plan d’urbanisation très géométrique témoigne d’une grande volonté de rigueur. 1348 est marquée par la fondation de l’université Charles de Prague, la première université d’Europe centrale et première université allemande. Enfin, en 1355, Charles IV fait de Prague la capitale du Saint Empire romain germanique. En 1357, la construction du pont Charles est entreprise pour remplacer le pont de Judith détruit lors de la fonte des neiges.
Prague et le mouvement hussite
Prague est alors la troisième ville la plus peuplée d’Europe. C’est un centre culturel et religieux de première importance et c’est ici qui naît les premiers balbutiements de la Réforme avec Jan Hus qui prêche contre les abus de la hiérarchie catholique. Sa mort, en 1415, sur le bûcher, lors du Concile de Constance, marque le début des croisades contre les Hussites. En 1419, les Hussites prennent le contrôle de la ville, l’empereur Sigismond envoie une armée pour reprendre possession de la ville mais celle-ci est défaite. Ce n’est qu’à la bataille de Lipany, en 1434, que les Pragois seront mis en déroute. Toujours insoumise, la diète de Bohême élit pour roi Georges de Poděbrady le 27 février 1458. Puis, préférant un souverain slave plutôt qu’un Habsbourg, la diète élit Vladislas Jagellon. Mais la fille de ce dernier, Anne Jagellon, épouse Ferdinand d’Autriche, qui fait repasser Prague sous la domination habsbourgeoise.
Prague autrichienne
Prague sous les Habsbourg
Sous les Habsbourg, Prague est avec Vienne et Budapest l’une des trois capitales de l’empire et balance entre des mouvements sporadiques de révolte et de soumission ce qui entraîne l’affaiblissement progressif des privilèges municipaux. De 1583 à 1612, sous le règne de Rodolphe II du Saint Empire, elle est de nouveau capitale impériale et connaît une ère de prospérité culturelle à laquelle met fin la seconde défenestration de Prague en 1618 qui déclenche la guerre ouverte de la noblesse tchèque, largement protestante, envers le pouvoir impérial et catholique des Habsbourg. Sur le plan européen, cet événement marque le début de la guerre de Trente Ans.
Prague et la guerre de Trente Ans
La défaite des armées tchèques à la bataille de la Montagne Blanche en novembre 1620 met fin, pour longtemps, aux espoirs d’indépendance des États de Bohême. Au niveau religieux, la Contre-réforme bat alors son plein, les Tchèques protestants sont contraints de se convertir ou de s’exiler. Au niveau politique, en 1627, Ferdinand II annule la Charte de Vladislav Jagellon (1500) et impose la Nouvelle Charte des États de Bohême qui impose la germanisation de l’enseignement et de l’administration. La Paix de Prague y est signée en 1635 entre l’empereur et certains princes allemands protestants. En 1648, à la fin de la guerre de Trente Ans, la rive gauche de la ville est envahie et pillée par les armées protestantes suédoises peu avant que les traités de Westphalie ne mettent fin aux hostilités qui ont mis l’Europe centrale à feu et à sang.
Prague et la guerre de Succession d’Autriche
En 1741, la guerre de Succession d’Autriche voit l’arrivée des troupes de Frédéric II de Prusse, qui mettent le siège et prennent la ville. Peu après, lors de la guerre de Sept Ans, la bataille de Prague, le 6 mai 1757, marque la victoire des Prussiens sur les Autrichiens et les Russes. Le 12 février 1784la ville de Prague «naît» officiellement de la fusion des quatre villes originelles que sont Hradčany, le quartier « noble » autour du Château de Prague, Malá Strana, le « Petit-Côté » sis entre Hradčany et la Vltava, la Vieille Ville de Prague et la Nouvelle Ville de Prague.
Prague au XXe siècle
La montée du nationalisme tchèque à Prague au XIXe
Prague au XIXe siècle est marquée par l’essor du nationalisme tchèque tout autant que par la Révolution industrielle qui marque la Bohême en général et enrichit la ville en particulier. En 1848, toute l’Europe démocratique se soulève contre ses monarques et Prague est l’un des centres les plus radicaux en la matière. Le Prince de Windisch-Graetz entre dans la ville le 27 juin 1848, et dissout dans le sang la Diète tchèque. Les Tchèques prennent toutefois peu à peu le pouvoir et leur revanche : ils ont la majorité du premier conseil municipal en 1861.
Prague, capitale de la Tchécoslovaquie
L’indépendance de la Tchécoslovaquie est proclamée le 28 octobre 1918. Prague en devient la capitale. La crise de 1929 ralentit ce développement sans pour autant l’arrêter. Au début de la Deuxième Guerre Mondiale, en mars 1339, Prague est conquise comme le reste de la Bohême-Moravie. C’est à Prague que sera assassiné le seul dignitaire du Reich à mourir pendant la guerre: l’officier SS Reinhard Heydrich, surnommé « le bourreau ». La guerre voit la population juive de Prague complètement décimée. Le 5 mai 1945, la ville se couvre de barricades. Le 8 mai l’armistice est signé. Le 9 mai, l’armée américaine qui est déjà Plzeň, laisse l’Armée rouge «libérer» Prague.
Prague sous le communisme
Peu après la Seconde Guerre mondiale, le Parti communiste tchécoslovaque monte en puissance bénéficiant du prestige de l’Armée rouge qui vient de libérer le pays. Les élections de 1946 et de 1948 donnent la majorité aux communistes à Prague. En 1968, le Printemps de Prague marque la ville de façon éphémère. Cette révolte antisoviétique est écrasée en août par les tanks des armées du Pacte de Varsovie. S’ensuivra des années de normalisation. En 1969, à la date anniversaire de l’invasion, l’étudiant Jan Palach s’immole par le feu.
Prague, capitale de la République tchèque
La Révolution de velours en 1990 marque pour Prague la fin du pouvoir communiste. En 1992, le centre historique de la ville est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Au 1er janvier 1993, c’est tout naturellement que Prague devient la capitale de la toute nouvelle République tchèque. En 2000, Prague est nommée capitale européenne de la culture.